Gérard d\'Houville

Gérard d\'Houville

Souhait

Souhait

 

Avoir une maison tranquille et solitaire

Qui serait loin de tous, dans un jardin en fleur.

Et là, pouvoir t'attendre, ô si chère à mon coeur,

T'attendre en respirant les parfums de la terre.

O sombre amie, ô mort, toi qui m'as fait si peur!

 

Sur le sol carrelé des dalles surannées

L'arrosoir blancé ferait un frais dessin;

La pêche à l'espalier mûrirait comme un sein;

Et moi je sentirais s'alourdir les années,

Comme à la branche pend la grappe d'un essaim

 

Ma fenêtre ouvrirait sur la pelouse herbeuse

Pour écouter le bruit des faulx dans la chaleur;

Ainsi je pourrai mieux, toi si chère à mon coeur,

Tout en rangeant des fruits dans la faïence creuse,

Entendre que viens remplacer le faucheur.

 

Or, ayant préparé sur la table abondante

Auprès des flacons clairs le lumineux raisin

Et les rayons de miel, et le lait et le pain,

Je t'attendrai dans la demeure où, prévoyante,

J'aurai tout disposé pourla soif et la faim.

 

Et je pourrai te dire: " Entre, ô toi, bienvenue,

Qui viens avec le soir et la sombre fraîcheur;

O si chère, ô si douce, et qui m'as fait si peur!

Tu le vois, tout est prêt et je suis pâle et nue,

Tu pourras me faucher comme une grande fleur.

 

Je suis lasse. Prends-moi pour les noires paresses

De l'ombre étroite et longue et du repos sans fin.

Mais, ô toi que jamais nul n'attendit en vain,

Il faut que de longs jours, dans ma maison tu laisses

Mon enfant radieux, près des fruits et du vin."

 

Les Poésies, 1931.



26/10/2012
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