Gérard d\'Houville

Gérard d\'Houville

Offrande funéraire

Offrande funéraire

 

Viens. Le soir assombrit le fleuve aux clames eaux

Et la berge est humide où nous cueillons encore,

Au murmure plus frais du vent dans les roseaux,

Les fleurs du crépuscule après les fleurs d'aurores.

 

Tes pas comme les mimes sont graves au retour

Et le cœur est plus faible alors que la nuit tombe,

Notre joie à cueilli toutes les fleurs du jour;

Nous les déposerons sur la prochaine tombe.

 

Ces fleurs qui nous lassaient de leur poids parfumé

Couvriront le tombeau des mortes, nos sœurs tristes:

 

Le narcisse mourant pour s'être trop aimé,

Les iris violets comme les améthystes.

 

Les nénuphars couleur de l'aube, les lis d'eau,

La jacinthe irisée ainsi que les opales,

Les fleurs qui nous chargeaient d'un odorant fardeau

Couvriront le tombeau des mortes, nos sœurs pâles.

 

Près de la tombe en fleur, courbant nos jeunes fonts,

Restons pieusement dans l'herbe agenouillées;

Nous qui vivons, pensons au jour où nous serons

Sous un tertre inconnu des mortes oubliées.

 

Effleurant d'un pied d'ombre un gazon ténébreux

Nous rejoindrons l'essaim des âmes fugitives

Et nos mains cueilleront, loin de ces bords heureux,

Les iris noirs éclos aux stygiennes rives.

 

 



26/10/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour