Invocation
Invocation
Soeur errante des fleurs immobiles, ô soeur
Insoucieuse et souriante, qui n'opposes
Au destin ignoré que les guirlandes roses
Enroulant de tes bras l'enfantine minceur.
Fille heureuse des prés, des bois frais et des plaines,
Lasse et triste parfois d'avoir cueilli le jour,
Ivre de son parfum, vers le soir, au retour,
Tu viens pencher ton front sur la paix des fontaines.
Mais près de toi, ton sort te guette, hélas! Tes mains
Seront funèbres qui sont encor printanières;
Les puériles fleurs d'avril, les fleurs premières,
Se flétriront au vent des sentiers souterrains.
Cueille de sombres fleurs pour ta sombre couronne;
Car, corolle d'argent mirée au miroir pur
Des sources, la narcisse est ton sceptre futur,
O déjà ténébreuse et pâle Perséphone!
Les Poésies, 1931.