Gérard d\'Houville

Gérard d\'Houville

Les enfants tristes

Les enfants tristes

 

La première

 

Obscur est le chemin, arides sont les landes

Et sombres les forêts; Soeurs, ne sentez-vous pas

En vos doigts alanguis s'alourdir les guirlandes

Qui tombent sur la route où s'éloignent nos pas?

 

 

La deuxième

 

A l'aube de jadis nous vous avons cueillie,

Gerbe de fleurs d'amour, gerbe de fleurs d'espoir

Qu'un frêle doigt d'enfant d'un fil fragile lie

Et qu'un vent automnal disperse en l'air du soir.

 

 

La troisième

 

O jeunes fronts pâlis par d'anciennes années,

Portez-vous le fardeau de printemps ignorés?

Etes-vous lourds d'un poids de floraisons fanées

Pour vous pencher ainsi, las et désespérés?

 

 

La première

 

Le lis intérieur qui parfumait ma vie

Effeuille la candeur d'un calice argenté;

Sa corolle ineffable en moi s'est défleurie

Et la fleur sombre s'ouvre en mon coeur attristé.

 

 

La deuxième

 

Combien d'avrils sont morts dans nos âmes moroses

Et d'oiseaux envolés que nous avons aimés!

Du funèbre parfum des expirantes roses

Nos coeurs sont pour toujours tristement embaumés.

 

 

Le sentier parcouru dans l'ombre se recule;

De nos bouquets flétris nos bras sont allégés.

Arrêtons-nous, mes Soeurs. Voici le crépuscule

A jamais indulgent pour les coeurs affligés.

 

 

Puisque lointaine encore est la vieille demeure,

Reposons-nous. Les fleurs du soir vont s'entr'ouvrir

Et, parmi la tendresse et le calme de l'heure,

Oublions un moment que nous devons mourir.

 

Les Poésies, 1931.



20/11/2012
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