Gérard d\'Houville

Gérard d\'Houville

Le bengali

Le bengali

 

La Mort, ô bengali, chanteur au bord de l'eau,

A brisé dans son vol ton aile si soyeuse;

Ele te fit un nid dans ses bras, l'envieuse,

Ne pouvant épargner un seul petit oiseau.

 

Ton esprit qui volait bien plus loin que ton aile

T'ouvrait le grand ciel pur qui fuyait devant toi:

- Est-ce vrai, disais-tu, qu'un oiseau comme moi

Respire le parfum de la fleur éternelle?

 

Aux hommes comme à nous, petits chanteurs des bois,

Le Seigneur a donné la divine pensée;

Avec elle revoir l'heure heureuse passée,

Je crois que c'est revivre une seconde fois.-

 

Tu mourus, philosophe, aux premiers froids d'automne.

Nous ne te verrons plus, ô petit bengali;

Et, tristes, nous t'avons un soir enseveli

Dans le calice bleu d'une pâle anémone.

 

Premiers vers (1894-1903)

 



04/10/2012
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