Gérard d\'Houville

Gérard d\'Houville

Des fleurs

Des fleurs

 

A ton jeune tombeau, funéraires offrandes,

Des fleurs du bois, du fleuve et du pré printanier,

Songeant que tes doigts purs les cueillaient l'an dernier,

Seule et triste je viens suspendre les guirlandes.

 

Tes yeux se sont ouverts aux clartés souterraines

Et l'aube sans aurore a pâli ton front clair;

Voici des fleurs sentant le parfum de ta chair,

Les fleurs des vergers clos et les fleurs riveraines.

 

Tes mains s'entrelaçaient si lasses et si lentes

Aux miennes, délaissant les bouquets oubliés,

Que nos doigts à jamais en sont restés liés;

Ma tristesse a tressé ces tiges indolentes.

 

Elle en arrondira les couronnes fermées,

Elle entremêlera les vivantes couleurs

Et je te reviendrai les bras lassés de fleurs,

Car celles du retour sont les plus embaumées.

 

Mais seras-tu fidèle aux tendresse lointaines,

Suivras-tu le fantôme incertain d'un amour

Funèbre? Oublieras-tu les fraîches fleurs du jour

Pour la floraison d'ombre éclose en tes mains vaines?

 

Voici les fleurs du bois, les fleurs de la prairie,

Voici les fleurs de l'air, voici les fleurs de l'eau,

Et le doux soir s'effeuille aussi sur ce tombeau

Pour qu'à la vie en pleurs la mort en fleurs sourie.

 

Les Poésies, 1931



23/11/2012
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