Gérard d\'Houville

Gérard d\'Houville

Styx

Styx

 

Dans la morne clarté de l'aube terne et sombre,

Voici que se retrouve à de lugubres bords,

Sous le fardeau des jours courbant leurs fonts sans nombre,

La multitude immense et houleuse des Morts.

 

Sur la berge déclive et ténébreuse ils errent,

Graves, doux, résignés, sinistres ou hautains;

ceux-là que réunit, et ceux que séparèrent

Une même Fortune ou de divers Destins.

 

Des regards qu'emplissait la tristesse de vivre

Contemplent sans frémir le fleuve illimité,

Et le Sage, d'un geste a déchiré le Livre,

Voyant que tout est vain dans toute vérité.

 

Les Poésies, 1931



09/10/2012
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