Gérard d\'Houville

Gérard d\'Houville

Cendre

Cendre

 

Tu t'arrêtes devant la tombe parfumée

Où tout ce qui fut moi gît sous une herbe en fleur,

Et, lisant ces seuls mots, ô jeune voyageur:

"Nulle femme ne fut plus longuement aimée,"

L'âpre et vivant désir gonfle et remplit ton coeur

Du rêve de ma chair, hélas! inanimée.

 

 

Mon cher miroir, qui meurt de n'avoir reflété

Que l'ombre où j'ai voulu près de moi le suspendre,

Mon miroir revivrait, si tu pouvait le tendre

Au jour pur, et rirait de toute sa clarté;

Mais tu n'y verrais pas ma grâce triste et tendre;

Jamais tu ne sauras ce que fut ma beauté.

 

 

La cendre de mon corps que consume la terre

En d'ardentes saisons me refleurit au jour;

Cueille une de ces fleurs au prix de ton détour,

Et passe..., car berçant mon sommeil solitaire,

J'entends, dans le refrain que murmure l'Amour,

Le regret éternel de ma forme éphémère.

 

Les Poésies, 1931.



14/10/2012
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