L'ombre d'Hélène
L'ombre d'Hélène
L'ombre d'Hélène attend au bord du fleuve
Belle comme son corps;
Tant de héros, femme, l'ont faite veuve
Et régnant sur des morts
Qu'ici, tranquille, en sa dernière attente
Et son obole aux doigts,
Elle est toujours la déesse qui tente
Les fantômes des Rois.
Le vieux Charon a vu la grande Hélène
Mais, au prince troyen
Pour qu'à jamais il l'enlève et l'emmène
Charon prête son bien.
Pâris, debout, tient les fameuses rames,
Les enfonce aux limons
D'où le brouillard s'élève avec des âmes:
"Divine Hélène! Allons!
Allons! Allons, vers les mêmes désastres
O ma Reine! Et les maux...
Ne cherchez pas, dans cette nuit, les astres
De vos frères gémeaux;
Nul ne viendra vous reprendre au vieux songe
Qui vous entraîne en vain..."
Mais elle, assise, est à la proue, et plonge
Dans le courant, sa main...