Le vent plus triste
Le vent plus triste
Le vent plus triste encor de défleurir les tombes,
A dispersé le vol des candides colombes
Dont l'essor tounoyant n'argente plus l'azur.
Comme la nuit fut longue! et que l'air fut obscur
Sans le palpitement des invisibles ailes!
Comme mon jeune coeur se sentit seul sans elles!
Ah! sur les grands rosiers du jardin matinal,
Reverrai-je posé leur blanc vol virginal?
De mon âme d'enfant les trop mornes pensées
Seront-elles par l'aube à jamais effacées,
Et d'avoir effleuré les fleurs d'un heureux jour
Le vent sera-t-il pur tel qu'un parfum d'amour?
Doux oiseaux de jadis, reviendrez-vous encore?...
Mais je vois dans le ciel empourpré par l'aurore,
Au lieu du cher retour de mes légers espoirs,
Planer, assombrissant les fleurs, des cygnes noirs.
Les Poésies, 1931