Gérard d\'Houville

Gérard d\'Houville

Attrait de l'eau

Attrait de l'eau

 

Que ce frêle feuillage et ce souple lierre,

Et ces fleurs fraîches en guirlande printannière

S'entrelacent parmi nos cheveux lourds et lents;

Que sur nos jeunes fronts tremblent les iris blancs

Et les jonquilles d'or et les mauves pervenches!

Viens. Je tiendrai ta robe afin que tu te penches,

Rieuse, sur cette eau dont hausse le miroir

La Nymphe aux yeux rieurs et clairs que tu vas voir;

Et lorsque je me penche à mon tour il me semble

Qu'elle a notre regard et qu'elle nous ressemble.

Quand elle rit, l'écho reste silencieux,

Mais prenons garde. Ne vois-tu pas dans ses yeux

Qu'elle voudrait les fleurs que son désir dénoue

Déjà, et qui du front nous glissent sur la joue?...

... Hélas! il est trop tard, je ne puis ressaisir

Les fleurs qu'entremêlaient notre double loisir

Et dont nous nous parions de nos mains fraternelles,

Joyeuses de nous voir si pareillement belles.

Le soir vient. Nos pieds nus glissent dans les roseaux

Et la Nymphe perfide a fui les froides eaux.

Reprenons toutes deux les longs sentiers des landes;

Il ne faut plus songer à nos pâles guirlandes.

Seul le lierre noir, qui nous paraît plus noir,

Enlace en ses liens nos tailles, et le soir,

Assombrissant mon âme attriste aussi la tienne,

Et ton bras me soutient pour que je te soutienne,

Car cette route est longue et le repos lointain.

Est-ce que notre joie heureuse du matin

Avec les fraîches fleurs que nous pleuroons dans l'ombre

Serait restée au fond de la fontaine sombre?

 

Les Poésies, 1931



16/12/2012
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