Gérard d\'Houville

Gérard d\'Houville

Le sommeil

Le sommeil

 

Je connais le chemin qui mène à la demeure

Endormie, où l'Amour s'est encor reposé,

Où dans le beau jardin s'épanouit et pleure

Le doux jet d'eau d'argent, comme un long lis brisé.

 

Je n'allumerai pas la lampe psychéenne

Dont la flamme est funeste à l'amoureux destin,

Car la lune arrondit sa courbe à demi pleine

Et semble l'arc tendu par l'Archer enfantin.

 

Le croissant au dormeur lance ses lueurs vertes

Et guidera vers lui mes regards curieux,

Quand ayant réuni mes guirlandes ouvertes

Je viendrai les suspendre au seuil silenieux.

 

Je marcherai sans bruit, sans bruit le portail sombre

Roulera sourdement, sur le pavé du seuil

Qu'ensommeillent déjà de leur arôme d'ombre

Et d'oubli, mes pavots vermeils au coeur de deuil.

 

Mais le parfum montant des corolles magiques

Et mon sort, plus heureux que ton sort, ô Psyché!

D'un songe et d'un sommeil à jamais léthargiques,

Assoupiront mon corps auprès du sien couché.

 

Les Poésies, 1931



16/12/2012
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